• De l'analyse (3) : la divine

    La divine

     

    A toi qui parcourus l’océan de tes pensées, courageuse et obstinée, qui cherchas en ces eaux

    troubles les causes du mal qui te ronge.

    Mais tu ne fus pas seule dans ce long voyage, le fils d’Erèbe était à tes côtés.

    Loin de toi je m’oubliai et je renonçai, porté par mes faiblesses, je t’attendais : au lâche espoir

    de te savoir accompagnée, je m’enfermais dans un déni délétère.

    Tu fus Ulysse, je fus une Pénélope sans volonté.

    Au cours de ton long périple, ton Odyssée, tu rencontras bien des Circé.

    Mais dans les tréfonds de ton âme tu crus savoir ce que tu désirais : l’autre que je fus, l’autre

    que je deviendrai.

    Ainsi, tu sus te défaire du charme qui nous menaçait : rejoindre Ithaque avant qu’elle ne sombre à

    jamais, et je te sais gré de l’immense confiance que tu m’as accordée.

    Je loue en toi le courage, la volonté, l’amour surtout, qui te montra le chemin du retour.

    Te voici maintenant à l’issue d’un long périple qui t’a révélée, car en dépit de tous les doutes qui

    t’ont animée, la fille que tu fus à Charon décida de le quitter : c’est aujourd’hui la femme libre

    qui renaît à elle-même, celle qu’un lointain jour d’automne je ravis à sa longue mélancolie,

    celle qui m’espérait.

    Mais de ce voyage nous revenons à nous blessés, toi la navigatrice éprouvée, moi l’homme égaré :

    Dieu que j’ai pu honnir ma cécité !

    A mon retour à la vie, à la force virile, c’est à la colère de l’homme que je m’adonne : colère

    contre moi-même, colère contre ce mauvais passeur qui contribua à nous égarer, colère contre toi,

    aussi, qui ne sus pas assez tôt t’alerter des sombres dangers qui nous guettaient (mais qu’y

    pouvais-tu, me dis-je aussi, pendant que tu affrontais les flots déchaînés ?).

    Mais la colère n’est pas l’opprobre, car une fois dépassée, elle nourrit l’espoir d’une réciprocité

    à transcender : de notre île retrouvée, nous partirons à la conquête confiante des contrées

    délaissées.

    Aujourd’hui c’est l’homme sûr qui t’offre son épaule ferme, son âme renforcée !

    Tu es la divine, la magicienne qui sut m’éveiller.

    Tu es rendue plus belle encore par l’aventure que tu sus affronter.


  • Commentaires

    1
    Libellule bleue
    Samedi 26 Septembre 2015 à 22:23
    Quel beau texte si bien écrit ...
    Mon marin des eaux troubles,
    Tes mots m'émeuvent beaucoup,
    Tu as l'art de me parler de tout,
    De nous, pour que l'on se connaisse partout,
    Mon amour,
    Tu m'en veux de ne pas nous avoir alerter,
    Je n'ai aucun pouvoir,
    L'amour nous sépare,
    Comme le choix du léopard,
    Réunis... la vie nous sera épanouie
    Je sens ta présence qui me fait voir,
    Mon marin, je t'aime comme au premier soir
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