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Exode
Les voici partis pour la ville industrieuse qui les demande, qui les espère. Eux, enfants de la terre, ils fuient cette vie simple et austère dont les crises et les guerres auront eu raison, ils s'en vont pour des horizons sans arbres où fument les usines tout à leur vacarme.
Un plan en dollars aura fait le reste,
aliénant le sillon et l'étable à sa vérité mécanique... toute une modernité qui bat désormais la campagne : emprunt, rendement, remembrement !
Eux, petits parmi les petits que ces mots réduisent, délaissent l'étroit lopin et le maigre troupeau pour une vie qu'ils voient meilleure, emportant seulement le souvenir déjà lointain d'un frère ou d'un père tombé sous la mitraille et l'éclat des obus.
Aussi viennent-ils humblement frapper à la porte d'un sous-directeur, d'un contre-maître, et sans un mot sans un soupir ils rejoignent la chaîne bruyante ou le cliquetis d'un bureau.
Ils sont la France de demain qui oubliera d'où elle vient.
Regrettent-ils parfois les nuances délicates d'un toit de lauze ou encore l'âcre fumée des veillées ?
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Commentaires
Ils remisent dans des cartons de naphtaline, écrasés par la poussière de l'oubli, l'odeur de la terre humide sous la pluie et le bruit de la houe sculptant le potager. Ils ont laissé les pots de confitures inutiles sur un rayonnage de la cave, s'ils revenaient à la saison des fruits. Les vestiges du tas de bois ne seront plus nourris. La ville se chauffe au gaz. Les bâches protectrices s'effilochent aux vents de novembre, lâchant leurs parcelles déchiquetées dans les branches proches. Les oiseaux y cueillent quelques miettes pour garnir de bleu roi leur nid modernisé.
Ils fuient la campagne de leurs ancêtres. La terre ne nourrit plus. L'engrais et la machine agricole ont tué la manne. La terre est devenue glaise lourde et stérile, macadam ou béton.Quand ils mettent le nez à la fenêtre, ils ne voient plus le ciel, étouffé par les murs de pierre n'en finissant pas de monter. Ils ne savent dire s'il y a des nuages à l'Ouest ou si le ciel est d'azur. Ils regardent la météo à la télévision, sourds au langage du monde qui les avait enseignés petits.
Ils remisent dans des cartons de naphtaline l'alphabet que la terre leur a appris.
ils ont pensé que la société pyramidale pouvait leur apporter le bonheur.
joli vert , léger sur cette photo
l'espoir se ruine
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Le passage
Entre
Les rêves
Délaissé
La caresse
De l'air
S'engouffrer
Dans le brouillard
Puant
S'enliser
Dans les méandres
Grouillantes...
Je marche
Seule
Au milieu
Du temps
M'enivre
Des senteurs
Chlorophylles
Exalte
Mon regard
Sur la nature
Et la, je vis...
Très beau.....
Douce journée Olivier
Bisous verts
Un très beau commentaire, je t'en remercie infiniment.