• Les nuées défilent au gré des volontés incertaines du ciel.

    Impuissantes à défier les hommes,

    elles se contentent de quelque ondée soudaine

    qui n'aura pour effet que de n'en noyer quelques-uns.

    Au dessous, sur ce miroir double qu'est la surface de la terre,

    (miroir des cieux changeants, miroir de l'onde souterraine),

    patientent dans leur apparence calme

    les bataillons de pins, de bouleaux ou de hêtres.

    Car le jour viendra où déchaînant leur fureur

    ils avanceront dans leur multitude,

    se défaisant de l'arrogance et des orgueils sans mesure,

    insinuant leurs racines jusque dans le creux des orbites

    exténuant les fiers allants dans le craquement sinistre des os,

    mettant à bas les pieux édifices et les tours d'argent...

    Il en sera ainsi, de la vanité comme de l'Humanité,

    réduites à jamais sous le pas triomphant de la forêt qui marche.

     

     

     

     

     

     


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  •  Je suis le vent caressant tes collines,

    je suis la lumière oblique égrenant tes murs,

    je suis l'eau à tes fontaines ombragées.

    Sur tes plaines fécondes et tes montagnes arides,

    tes rives étincelantes ou tes villes-mondes,

    je m'étends en rêve comme pour mieux te parcourir,

    contrée nourricière, berceau de ma langue et du beau-vivre.

    Pourtant, loin de tes routes étroites inondées de soleil,

    s'efface doucement le souvenir d'une vie perdue.

    Reclus dans mon sommeil de plomb, j'attends et j'espère.

    Parfois, dans le rougeoiement crépusculaire,

    il m'arrive encore de sentir ton souffle chaud

    se répandre dans les rues mortes et mes artères glacées.

    Je crois alors entendre l'écho lointain d'une musique douce

    dans le crépitement joyeux d'un feu de myrte.

     

     


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  • Il est aujourd'hui devenu un homme. Il se souvient. Ou ne se souvient pas.

    Entend-il au fond de son âme résonner les échos lointains du passé ?

    Qui fut-il sinon ce passager de toutes les vies, variable et changeant,

    cet enfant qui n'est qu'un seul jour ce qu'il est -indiciblement différent d'hier

    et déjà autre le lendemain ?

    Comment dès lors appréhender l'essence de ce qui est en continuel changement,

    comme l'eau de la rivière qui s'écoule entre les doigts de la main ?

    Un jour furent abandonnés les jeux et les éclats précieux,

    disséminés sous l'horizon des promesses,

    et lui même, percevant comme inaltérable chaque moment de son intense et jeune vie,

    ne prit point la peine de marquer de pierres blanches l'emplacement de ses trésors.

    Aujourd'hui pourtant, les souvenirs s'égrènent en lui comme une succession de mystères.

    Et c'est une profonde et mélancolique tristesse qui toujours m'accompagne

    quand je découvre au détour d'un chemin les traces d'une enfance qui s'en est allée.

     

     

     


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