• E deman ?

     

    E deman, quand mon païs serà pas mai que beton e veitura, ont anarai ?

    E dins de mon terrador-ipermarcat, cossí farai per soscar lo mond ?

    E las armas dels aujòls, ont se poiràn amagar dins mon oustal policopiat  ?

     

    Et demain, quand mon pays ne sera plus que béton et voiture, où irai-je ?

    Et depuis mon terroir-hypermarché, comment ferai-je pour rêver le monde ?

    Et les âmes, trouveront-elles un endroit où se cacher dans ma maison polycopiée ?

     


  • Sans frontières

    Nous irons, esprits boiteux, égrener la poussière des chemins, partout où le temps est de biais, nous poursuivrons la diagonale du vide, au chant de l’aube, au cri du soir, nous irons dans la glace et le feu, sous les nuées, au soleil du Midi, à l’eau froide des torrents, le long des routes où frémissent les souvenirs, au cœur des villages éteints, aux porches des églises, aux arches vacillantes des ponts.

     

    Nous irons, cœurs défaits, sous la voûte constellée de promesses enfuies, loin des places fortes et des palais perchés, vers ces contrées que protègent les frondaisons, et nous couchant sereins dans les maisons sans portes, à l’antre noire des cavernes, sous le ciel des clairières, nous entendrons sonner l’onde claire des mondes déchus.

     

    Nous irons, épuisant la nuit, lardant le jour de nos lames blanches, délivrés du temps qui aliène, nous les gueux, les nuisibles ou les faibles, nous marcherons sur les vestiges égarés des possibles, nous devancerons les traces invisibles de ceux que nous aurions été, défrichant les voies que de sombres volontés abandonnèrent aux ronces.

     

    Ensemble nous referons les places fourmillantes de vie les ateliers les boutiques les bals et les fêtes, et réduisant les frontières aveugles, nous forgerons le partage nous scellerons la justice universelle nous écrirons la langue confraternelle qui unit le monde.

     

    Et dans les hautes herbes battues par le vent du soir s’abîmera l’horizon glauque des autoroutes et des rond-points, sous les feux ardents de l’espoir pourrira la tôle des zones marchandes, et la terre féconde engloutira les pavillons sans âme.

     

    Foin des cupides qui menèrent le monde, ils s’éteindront dans le pâle souvenir de leurs allants égoïstes !

     

    Nous reprendrons alors le chemin de nos rêves...

    Je te revois déjà, toi qui n’es pas, assise à la table où nous aurions tant reçu. A tes côtés une enfant dont la voix claire serait comme fontaine en mon cœur, une enfant aux yeux de jais étincelants dans la douce pénombre. Dans cette maison sans adresse où nulle route ne mène, en son écrin de prêles et de vertes fougères, tu tiendrais ma main.


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    Te voici gagné à de puissantes causes

    qui te réclament à la vie

    si loin de nos terres conquises dont j'exhume

    au gré des strates anciennes

    quelque ammonite ou paquebot, dinosaure ou conte d'eau,

    et parfois la photo voilée d'une aube claire...

    puissants artefacts

    dont éclosent les souvenirs,

    comme de l'ambre jaune

    surgissent les vestiges

    d'un monde enfui...

     

    Eau noire en sa fontaine

    Langue de métal, voix contrefaite

    Envol d'une tourterelle

    Fantôme poursuivant un roi

    Noble dame en ses hautes terres

    Et l'éclat du chrome dans la jungle d'un ravin

     

    Tu n'oublies rien

    tu vas où tu deviens

    au creux des songes

    que tu emportes

    et moi je reste en ce chemin

    que tu prolonges que tu inventes

    à l'ombre claire des possibles...

     

    C'est l'encre du temps

    qui coule dans mes veines.


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